sexta-feira, maio 31, 2013
Journal 1822-1863, de Eugène Delacroix
I loved reading the Journal de Delacroix. He was an intelligent and sensitive man, an extremely keen observer of the world around him, its beauty and its flaws, and always questioning everything. His dedication to and seriousness about his art is touching, and if sometimes the technical details can be a little boring to the non-artists like me, it's always interesting to "watch" a great artist at work, it makes us see so much better and understand his vision. But he thinks and comments about much more than painting, he was a curious mind aware of all that surrounded him and a very cultivated and intelligent man. And he writes in an extremely elegant French, which is a real pleasure to read.
I leave some of the passages I liked the most.
L'homme ne place presque jamais son bonheur dans les biens réels; il le met presque toujours dans la vanité, dans le sot plaisir d'attirer sur soi les regards et par conséquent l'envie. Mais, dans cette vaine carrièrre, il n'en atteint point ordinairement l'objet; au moment où il se réjouit de se voir sur un théâtre où il attire les regards, il regarde encore plus haut; ses désirs montent à mesure qu'il s'élève, il envie lui-même autant qu'il est envié; quant aux vrais biens, il s'en éloigne toujours davantage: la tranquillité d'esprit, l'indépendance fondée sur des désirs modestes et facilement satisfaits, lui sont interdites.
L'homme est si bizarre qu'il trouve dans le malheur même des sujets de consolation et presque du plaisir, comme celui, par exemple, de se sentir injustement persécuté et d'avoir en soi la conscience d'un mérite supérieur à sa fortune présente; mais il lui arrive bien plus souvent de s'ennuyer dans la prospérité et même de s'y trouver très malheureux.
Le vulgaire croit que le talent doit toujours être égal à lui-même et qu'il se lève tous les matins comme le soleil, reposé et rafraîchi, prêt à tirer du même magasin, toujours ouvert, toujours plein, toujours abondant, des trésors nouveaux à verser sur ceux de la veille; il ignore que, semblable à toutes les choses mortelles, il a un cours d'accroissement et de dépérissement, qu'indépendamment de cette carrière qu'il fournit, comme tout ce qui respire (à savoir: de commencer faiblement, de s'accroître, de paraître dans toute sa force et de s'éteindre par degrés), il subit toutes les intermittences de la santé, de la maladie, de la disposition de l'âme, de sa gaieté ou de sa tristesse. En outre, il est sujet à s'égarer dans le plein exercice de sa force; il s'engage souvent dans des routes trompeuses; il lui faut alors beaucoup de temps pour en revenir au point d'où il était parti, et souvent il ne s'y retrouve plus le même. Semblable à la chair périssable, à la vie faible et attaquable par tous les côtés de toutes les créatures, laquelle est obligé de résister à mille influences destructives, et qui demande ou un continuel exercice ou des soins incessants, pour n'être pas dévorée par cet univers qui pèse sur nous, le talent est obligé de veiller constamment sur lui-même, de combattre, de se tenir perpétuellement en haleine, en présence des obstacles au milieu desquels s'exerce sa singulière puissance. L'adversité et la prospérité sont des écueils également à craindre. Le trop grand succès tend à l'énerver, comme l'insuccès le décourage. Plusieurs hommes de talent n'ont eu qu'une lueur, qui s'est éteinte aussitôt que montrée. Cette lueur éclate quelquefois dès leur apparition et disparaît ensuite pour toujours. D'autres, faibles et chancelants, ou diffus, ou monotones en commençant, ont jeté, après une longue carrière presque obscure, un éclat incomparable, tels que Cervantès; il en est qui n'ont pas subi d'éclipse.
Travailler n'est pas seulement pour produire des ouvrages, c'est pour donner du prix au temps: on est plus content de soi et de sa journée quand on a remué des idées, bien commencé ou achevé quelque chose.
Ma passion pour les voyages se refroidit quand je considère qu'ils se composent uniquement de départs et d'arrivées: mais que de plaisirs et d'avantages on achète par cette peine! N'y trouvâ-t-on que la facilité de s'instruire sans étude, on ferait très bien de feuilleter les divers pays de la terre en guise de lecture: d'autant qu'on est toujours forcé d'en joindre quelqu'autre à celle-là. Quand je me sens près de me décourager au milieu de mes pèlerinages, je me dis: si je veux le but, il faut vouloir le moyen, et je continue Je fais plus, à peine revenu chez moi, je pense à recommencer. Le voyage perpétuel serait une douce manière de passer sa vie, surtout pour un homme qui n'est pas d'accord avec les idées qui dominent le monde dans le temps où il vit. Changer de pays équivaut à changer de siècle, etc.
And the last of his paintings I saw, in the Musée des Augustins, in Toulouse:
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