domingo, junho 03, 2018

La Nuit sera calme, par Romain Gary

It's always interesting how one comes across a book or an author. In the case of Romain Gary, I was curious about him after reading very flattering references in Pumpkinflowers, by Matti Friedman - he mentioned particularly Les Cerfs-Volants, so this was the first Romain Gary book I read, and I was hooked. He's a wonderful writer, and his book La Vie Devant Soi, written under the pseudonym Émile Ajar, is one of the books that moved me the most in the last few years.

La Nuit sera calme is a kind of a long interview, des entretiens, as they say in French, and in it Romain Gary comes across as an extremely intelligent, interesting and sensible man of the 20th century, from a time and place when French culture was still at its best. It shows how sound political thinking and honest morals are timeless, and it somehow gives us some hope - as long as there are intelligent and committed people there is still some hope...

La vraie valeur n’a jamais rien à craindre de ces mises à l’épreuve par le sarcasme et la parodie, par le défi et par l’acide, et toute personnalité politique qui a de la stature et de l’authenticité sort indemne de ces agressions. La vraie morale n’a rien à redouter de la pornographie – pas plus que les hommes politiques, qui ne sont pas des faux-monnayeurs, de Charlie Hebdo, du Canard enchaîné, de Daumier ou de Jean Yanne. Bien au contraire: s’ils sont vrais, cette mise à l’épreuve par l’acide leur est toujours favorable. La dignité n’est pas quelque chose qui interdit l’irrespect: elle a au contraire besoin de cet acide pour révéler son authenticité.

L’O.N.U. a été dévorée par le cancer nationaliste. Le nationalisme, surtout quand il est jeune, frais et pimpant, c’est d’abord le droit de disposer sans appel d’un peuple – par tyrannie intérieure – au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est le droit de couper les mains ou le clitoris des filles, de lapider les femmes adulteres, de fusiller, d’exterminer, de torturer, au nom du droit du peuple à disposer de lui-même. Tu peux faire tuer un million d’hommes à l’intérieur des frontières de ton pays et siéger aux Nations Unies à la Commission des Droits de l’homme, monter à la tribune de l’Assemblée générale et prononcer un discours sur la liberte, l’égalité et la fraternité et te faire acclamer, parce que les affaires intérieures d’un État, c’est sacré.

Sur le plan de la réalité seule, l’homme, enfin, c’est indiscernable, parce que toutes les notions de fraternité, de démocratie, de liberte, sont des valeurs de convention, on n eles reçoit pas de la nature, ce sont des décisions, des choix, des proclamations d’imaginaire auxquelles solvente on sacrifie sa vie pour leur donner vie.
Ces rapports “chien sans maître” avec Dieu ou avec l’absence de Dieu, que Dieu soit ressentit comme une préférence ou comme un manque, sont toujours des rapports avec un collier et une laisse qui me sont totalement étrangers.

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