domingo, setembro 02, 2012

Écrits sur l'Art, by Marcel Proust

I became a fan of Marcel Proust from the first time I read À La Recherche du Temps Perdu (first time, because I read it again 10 years later, and having another 10 years gone by now, it’s time to read it again, but next time in French – I read it in Portuguese). I was totally entranced by the middle of the first volume (Du Côté de Chez Swann), and it was one of those long books I wished were at least twice as long because I was so sorry to reach its end. I know Proust is not widely read, and is usually considered a boring reading – but I’m sure that if more people tried it, they’d be surprised and delighted at his wit, his all-encompassing sensibility, his extreme perceptiveness of human nature. I don’t like to make « best of » lists, but if I did one of books, this (La Recherche) would certainly get number 1.

I never read other works by Proust, apart from a few small texts here and there – and small texts and letters are all he left besides his great book. So I bought this collection of texts Écrits sur l’Art, and also two volumes of his correspondence, the last time I was in Paris.

Écrits sur l’Art includes a variety of writings about several different themes, some more serious, some more satirical, from society columns to literary and painting critique to essays on reading. The society columns and much of his art criticism confirm his talent for elegant gossip and accurate mocking more than his good taste. There is a preface to a book by Jacques-Émile Blanche so devastating (in such an elegant and apparently flattering tone) that is no wonder the dedicatee was furious. There are superb pastiches of several authors. And the best text, in my opinion, is an essay on reading – Sur la Lecture – that captures perfectly the magic of reading that i twill be most meaningful to any book-lover.

And then, there is his perfect and beautiful French – seldom have I read a prose where content and form are so inextricably linked, it’s like that language was created to build those sentences, that flow so easily and perfectly. I really look forward to read La Recherche in French.

Well, guess you have to like Proust to know what I mean here… and then you don’t have to read me! I leave just a few phrases as a foretaste.

L’admiration pour une pensée au contraire fait surgir à chaque pas la beauté parce qu’à chaque moment elle en éveille le désir. Les personnes médiocres croient généralement que se laisser ainsi guider par les livres qu’on admire, enlève à notre faculté de juger une partie de son indépendance. […] Une tel opinion repose sur une erreur psychologique dont feront justice tous ceux qui, ayant accepté ainsi une discipline spirituelle, sentient que leur puissance de comprendre et de sentir en est infiniment accrue, et leur sens critique jamais paralysé. Nous sommes simplement alors dans un état de grâce où toutes nos facultes, notre sens critique aussi bien que les autres, sont fortifiées.

Il n’y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécu que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passé avec un livre préferé.

Et c’est là, en effet, un des grands et merveilleux caractères des beaux livres (et qui nous fera comprendre le rôle à la fois essentiel et limité que la lecture peut jouer dans notre vie spirituelle) que pour l’auteur ils pourraient s’appeler “Conclusions” et pour le lecteur “Incitations”. Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l’auteur finit, et nous voudrions qu’il nous donnât des réponses, quando tout ce qu’il peut faire est de nous donner des désirs.
Le suprême effort de l’écrivain comme de l’artiste n’aboutit qu’à soulever partiellement pour nous le voile de laideur et d’insignifiance qui nous laisse incurieux devant l’univers. Alors, il nous dit: “Regarde, regarde, parfumés de trèfle et d’armoise, serrant leurs vifs ruisseaux étroits, les pays de l’Aisne et de l’Oise. Regarde la maison de Zélande rose et luisante comme un coquillage, regarde! Apprends à voir!” Et à ce moment il disparaît.

Dans la lecture, l’amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d’amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret. Et quand nous les avons quittés, aucune de ces pensées qui gâtent l’amitié: Qu’ont ils pensé de nous? – N’avons-nous pas manqué de tact? – Avons-nous plu? - et la peur d’être oublié pour tel autre.



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